6000D par Pierre

Publié le par Gilles

Il s'est fait prier, mais voici l'article du Mooooooosieur...;o)


LA 6000D

 

Devant les demandes pressantes, voici mon roman de la 6000D courue le samedi 25 juillet sous un beau soleil. C’était la 2eme fois (1ere en 2004) que je me présentais au départ de cette course renommée mais je crois peu connue des tcotiens. Nous avions droit pour cause de 20eme anniversaire à 5 km de plus que les éditions précédentes soit 60 km et 3000D+ annoncés qui en fait sont plutôt 3300m. Le principe est simple : départ de la vallée à Aime (10 km de Bourg Saint Maurice) à 690m d’altitude pour monter au glacier de Bellecôte (3000 et des poussières) sommet du domaine skiable de La Plagne. La montée se fait par l’ouest du massif et la descente par l’est en passant dans la plupart des villages et stations qui forment le domaine de La Plagne (que je vous recommande en hivers même si c’est là-bas que je me suis fracturé l’épaule il y a 2 ans).

Je prenais cette année le départ accompagné d’un partenaire, Pierre, ami habitant la Réunion, néo traileur (quasi obligatoire dans ce paradis des sentiers) avec déjà de belles références dont un top 100 sur le semi-raid, et avec un 60 km réunionnais ( ça veut dire avec dénivelée de malade) fin juin dans les jambes. Mais Monsieur se prépare pour le Grand Raid alors !! C’est qu’en plus le bougre il est sérieux et m’aurait presque fait culpabiliser de manger saucisson et Beaufort pendant notre semaine de préparation savoyarde ! Mais il ne sait pas qu’une légende du TCO rapporte qu’un jour, avec dans le ventre tartiflette et moult bières, un tcotien aurait fait la course de sa vie. La suite prouvera que pour moi ça ne marche pas…

Nous partîmes 2… en espérant arriver ensemble.                      

Départ tranquille au milieu des 950 coureurs, survolés par les hélicoptères qui nous filment, trop la classe ! C’est pas du p’tit trail de quartier ça. 3-4 km roulants pour s’échauffer en fond de vallée. On part cool, 11 km/h et ça nous double de partout, comme d’hab. Pas d’affolement on récupérera les cadavres dans la montée. C’est sympa il fait beau et pas trop chaud. Et puis d’un coup ça tourne à gauche et là, à la 6000D, et bien on est parti pour plus de 4h de montée quasi non stop.  D’abord dans les sous-bois de feuillus, joli sentier en lacet, pas beaucoup de place mais on peut commencer à doubler, calés à environ 750 m/h d’ascension. Quelques petites relances de temps en temps, quelques photos, tout va bien. On passe Montalbert (village station de ski reliée à la Plagne) environ 1400m d’altitude, les premiers sapins et aussi les 1éres montées dans les pistes de ski près des télésièges, c’est moins joli et c’est un peu l’inconvénient de cette course sur 50% du parcours. Direction Aime 2000 (2100 m) et son horrible barre de cage à poule pour skieur, ça monte un peu plus raide, parfois droit sur les pistes de ski. On voit le sommet et le glacier de Bellecôte, notre destination, je le montre à Pierre, que ça paraît loin mais que c’est beau!

 

Petite descente de 5’ pour arriver au 1er ravito à Plagne-centre atteint pile en 2h20 (1500mD+), notre prévision. Marie-Laure est là avec les bouteilles de boisson énergétique que Pierre lui a confiée pour remplir son camel (quel pro, moi je n’ai que de l’eau), on ne s’attarde pas. Direction La roche de Mio (2700m), cette partie n’est pas facile à gérer parce que roulante, la montée n’est pas raide, sur une piste large, courir ou marcher telle est la question ! Connaissant le parcours je sais que l’on  peut courir jusqu’au lac des Blanchets 2300m. J’imprime un petit tempo, souple. Pierre suit bien, tout est ok. Au Lac des Blanchets, la piste devient sentier et monte bien, on commence à marcher.

 

 Puis au dessus du lac on retrouve une piste large qui conduit à la Roche de Mio. Plus question de courir même si la pente n’est pas très forte, nous sommes au dessus de 2500m, on marche d’un bon pas, quasiment personne ne coure autour de nous. Je sens Pierre un peu moins bien mais on avance. La roche de Mio, 2700m, petit coucou de Marie-Laure, qui a pris les remontées mécaniques offertes aux accompagnateurs. Super idée qui fait que l’on voit beaucoup de supporters. Une magnifique descente de 10’ face au massif et aux glaciers de la Vanoise nous amène au col de la Chiaupe, ravito ( Marie-Laure encore là) et pied de la montée finale vers le glacier.

 

Et c’est parti pour 1 h de grimpette dans la caillasse. C’est sur c’est raide mais  ils ont tout passé au concasseur par rapport à 2004, et on a l’impression d’avancer sur une piste damée (ou presque), un peu déçu, c’était mieux avant, plus sauvage.

 

J’ai la forme, je monte facile et prends des photos, je regarde de temps en temps où est Pierre, jamais très loin, mais un peu à la peine, avec des palpitations me dit-il plus tard. On arrive au pied du glacier où on retrouve Marie-Laure, elle me laisse passer et attend Pierre, je vais pointer, petit ravito en eau et on se retrouve pour la montée finale, plus que 70 m d’ascension pour atteindre les 3070m du sommet de la course. Nous sommes en haut à 12h45, 4h45 de course.

 

 Et là erreur fatale, je mange une moitié de barre énergétique qui va me tuer la fin de course. On entame la descente sur une piste puis tout droit dans le pierrier, ça glisse un peu mais j’apprécie, Pierre dont je ne connaissais pas les qualités de descendeur assure  un max (La Réunion ça aide), passage d’une centaine de mètre sur un névé, plus glisse que course, sympa. Sauf que je commence à avoir mal à l’estomac, sans inquiétude, ça arrive, je pense que ça va passer et ça ne me ralenti pas… pour l’instant. Descente rapide jusqu’au col de La Chiaupe où on repasse à la descente, Pierre est devant et semble avoir retrouvé la forme. On croise notre assistante et je me plains de mon mal de ventre. On croise aussi un ami à Pierre, Pascal, qui fait la course, lui est au 1er passage au col, nous avons 1h15 d’avance sur lui mais il est content de nous voir et nous aussi. On poursuit la descente rapide vers les chalets du Carroley où une remontée de 350m nous attend. La descente est rapide sur un  magnifique sentier, vue sur le Mont-Blanc, on double beaucoup, je m’éclate dans cette descente, et comme nous sommes filmés par l’hélicoptère, on envoie encore plus !! Sauf que j’ai de plus en plus mal au ventre et que j’attends la remontée avec impatience, les chocs étant de plus en plus difficiles à encaisser. Elle est dure cette montée vers le col de l’Arpette à ce moment de la course, Pierre mène à un bon train, je suis, mais je peine. Arrivée au col, il ne reste plus que de la descente …mais 23 km de descente à mon GPS. Rapidement, mon mal de ventre me reprends, je coure, mais ça s’aggrave, j’ai de plus en plus mal à chaque choc de la foulée, obligé de ralentir, je laisse Pierre filer entre Plagne village et Plagne Bellecôte où je sais que je vais le récupérer au ravito. Seul problème, nous n’avons fait que  3 km il en reste 20. Au ravito, j’arrive 1’ après Pierre. Il a retrouver sa femme, Céline, et leur fille. Marie-Laure est là aussi bien sûr. Je récupère plié en 2, impossible d’avaler quoi que ce soit, la douleur passe un peu, de toute façon je la finirais cette course, pour une fois que je n’ai pas mal au genou !. On repart sous mon impulsion, descente légère, faux plats montants, plat, descentes plus raide, je sais que c’est long. Toujours le ventre en bois. Au bout de 30’, je ne peux plus avancer, plié en 2 au milieu du chemin je dis (ou plutôt j’ordonne) à Pierre de poursuivre sans moi, j’espère que ça  passe rapidement et me sens en mesure de le rattraper si c’est le cas. Sauf que je vais marcher pendant 1h30 avec des crampes d’estomac toutes les 5’. L’enfer, mais pas question d’abandonner, j’enrage de ne pouvoir avancer en descente, j’imagine déjà mettre plus de 2 heures pour finir les 10 km restant quand j’arrive au dernier ravito de Montchavin.

Miraculeusement à 16h30 la douleur s’arrête d’un seul coup et j’ai faim alors que je n’ai rien pu avaler et presque pas boire depuis 2h. Je pars comme un malade dans la descente, doublant à tout va, mais l’hypo n’est pas loin et la fin est difficile, beaucoup de relance, de petites côtes. J’arrive à 16h55, 25’ aprés Pierre, forcément déçu, surtout frustré de n’avoir pu terminer avec lui, alors qu’au glacier j’imaginais déjà notre arrivée ensemble. Content tout de même d’avoir passé la ligne, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps sur une telle distance à cause d’un genou récalcitrant.

C’est tout de même une sacrée belle course, pas aussi sauvage dans son parcours qu’un tour des glaciers de la Vanoise ou que la sky race de Serre che, mais de beaux panoramas sur les glaciers et le Mont-Blanc. Et puis cette montée à plus de 3000m en partant de la vallée, passant par tous les étages de la végétation de montagne jusqu’à la roche et la neige, ça vaut le détour.

Pour me remettre de ma frustration, je fais l’Ubaye le 9/08… on verra bien.

 

Publié dans Comptes-rendus

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