TRAIL Frison roche par REGINE

Publié le par Gilles

En ce 12 juillet 2008, 1er jour de mes vacances, je prends la direction de la Savoie afin de participer le lendemain à la 7ème édition de la Frison Roche à Arêches Beaufort, j'ai choisi le grand parcours qui fait 37 km pour un dénivelé annoncé de 2400m +. Cette course a été créée en l'hommage de Roger Frison Roche, enfant du pays.

16H30, Albertville, une pluie torrentielle dégringole, ça promet...il reste 19 km à parcourir par une montée en lacets pour arriver à Beaufort, nous les ferons dans le brouillard.

Je décide de chercher le lieu de rassemblement de l'organisation, aucune indication de la course...quand je pense que pour le TDN on balise tous les ronds points, on est bien du Sud, les montagnards sont bien moins compliqués ! je vois une salle municipale avec de la lumière et je rentre : c'est ici, l'organisation met au point les derniers détails.

Tout le monde est sympa, jovial et quand j'ose timidement demander si la course a bien lieu ( car oui au vu du temps je me demande si ???), de gros yeux me regardent.

Je comprends vite que le mot annulation n'existe pas à la montagne, quelque soit le temps.

Je repars ravie et inquiète en même temps mais sans dossard , ceux-ci n'étant distribués qu'avant la course.

Le déluge qui s'abat sur nous, nous oblige à modifier notre plan hébergement, en effet nous devons annuler le camping et partir à la recherche d'un hôtel .

Les 3 de Beaufort sont pleins, et tous les gérants désolés qui me souhaitent une bonne soirée, merci c'est gentil mais nous ce qu'on veut c'est une chambre !

Nous trouvons notre bonheur 3 km plus loin, ouf !

13 juillet, 6H dring, faut se lever.

Je me prépare et allège immédiatement mon sac du superflu : lunettes de soleil, crème et appareil photos ne seront pas du voyage : en effet, la pluie n'a pas cessé et continue de plus belle.

7h je retire mon dossard 502 et hésite sur la tenue, voyant que beaucoup partent en manches courtes je décide de les imiter.

Nous étions une centaine d'inscrits et seront seulement 78 à prendre le départ ( 3 abandonneront), beaucoup sont des locaux, des montagnards, des purs, des durs.

J'échange quelques mots avec Werner Schweitzer, fameux V3 Suisse, qui comme moi, remarque le fusil prêt à tirer pour donner le départ. Il ne s'agit sûrement pas de balles à blanc.

7H30, sous la pluie, PAN, c'est parti.

J'effectue les 300 mètres de plat à côté de Werner qui part tranquille.

Nous grimpons de suite pendant 1,3 km pour 320 m+ et en 20mn je suis en haut et pourtant avant dernière, je comprends de suite que le niveau est relevé et que je vais souffrir.

S'ensuivent ensuite des montées et descentes infernales sans un instant de répit, le terrain ressemble à une grosse éponge, nous pataugeons dans des sentiers soit de boue, soit transformés en minis ruisseaux.

Entre l'eau qui nous tombe sur la tête et les pieds qui macèrent, je suis glacée.

Au moins, aucun risque d'ampoule ni d'échauffement, bien au contraire je découvrirai plus tard que mes pieds sont devenus tout blancs.

Mon inquiétude est la barrière horaire de St Guérin fixée à 4 H de course pour 19 km et presque 2000m+.

Impossible d'aller plus vite, le fermeur nous rassure et nous dit que l'on est dans les temps, que l'on tourne à 600/700 m+ à l'heure, je suis étonnée, moi aussi vite....Il nous indique aussi que les 2400 m + annoncés seraient plutôt 2800m, ah surprise ! c'est ça la montagne

Nous n'avons aucune visibilité, moi qui comptais profiter des paysages, plus on monte, pire c'est, sur la crête la bouillasse est terrible et forme d'épaisses semelles sous les chausures.

Je pensais profiter des quelques km de descente pour me récupérer mais pas moyen car la boue est partout, je prends tout de même quelques risques, m'appuie sur mes bâtons, l'heure approche, ça fait 4 h et je ne suis pas à la barrière, pourtant ce n'est pas loin, j'entends des voix.

Le fermeur accompagné de Nathalie, dossard 503, même âge que moi, avec qui j'accomplirai et terminerai ce trail, nous encourage et négocie pour que l'on puisse continuer.

Au bout de 4H15, on y est avec l'autorisation de poursuivre, merci Roger ( je crois ne pas me tromper de prénom)

C'est alors que Vincent ,un autre serre file prend le relais, avec un vélo.

Il nous motive à fond, connaît le secteur par cœur , a remporté une fois cette course et fait 12 fois la Pierra Menta ( plus difficile course mondiale de ski et alpinisme, 10000 m +).

Ce n'est pas n'importe qui .

En fait il nous sert à la fois de guide en nous expliquant chaque lieu-dit du parcours, et d'entraîneur en nous aidant à franchir au mieux chaque difficulté.

Nathalie et moi sommes hs, on ne sait même plus où on a pas mal et pourtant la méthode marche, on avance.

En ce qui me concerne j'ai principalement mal aux 2 genoux et j'ai mon pyramidal/sciatique gauche bloqué, le froid y étant sûrement pour beaucoup.

Depuis le début je ne songe qu'à abandonner et pourtant une petite voix intérieure me dit qu'il faut aller au bout.

A chaque pointage et/ou ravito, les gens sont super gentils et nous encouragent.

Dans tous les villages traversés, les montagnards étaient là avec les carrons ( grosses cloches).

Nous alternons course et marche rapide et je suis surprise de pouvoir encore aussi bien courir malgré ce grand ras le bol et cette grande fatigue.

A Arêches, nous sommes rejointes par un malheureux concurrent, le 534 qui s'était perdu et qui de plus était parti en retard le matin.

Nous ferons les derniers km en courant à une allure plus qu'honnête après un tel effort pour enfin arriver sur la place Frison Roche en 7H40

Le 534 passe devant, moi 502 et Nathalie 503 main dans la main, bâtons levés, dernières ex aequo sous une foule d'applaudissements. Moment très émouvant qui permet d'oublier la souffrance .

Pas le temps de dire ouf que nous devons  nous exprimer au micro, ce qui n'était pas évident dans un tel état de fatigue.

Je me rends compte que je n'avais pas perdu toute ma lucidité car j'ai eu la présence d'esprit de faire de la promotion pour notre merveilleux TDN, pub reprise ensuite par l'organisateur, merci François.

Le grand gagnant de cette course est Benoît LAVAL qui pulvérise le record de tous les temps en 3h43,........EXTRAordinaire,   EXTRAterrestre !

Après avoir assisté à la remise des prix et un bref repos, je suis rentrée à l'hôtel en marchant, soit 3 km en 25 mn !

Après une bonne nuit de sommeil, tout allait pour le mieux .

J'en ai pourtant bavé plus que tous les escargots rencontrés sur le terrain et me suis vraiment demandée pourquoi je faisais ce sport !

J'ai rencontré des gens extra, les montagnards sont simples, humbles et accueillants. L'organisation était parfaite  pour avoir su organiser un trail authentique et sans prétention.

Peut-être referai-je un jour ce trail mais uniquement sous le soleil afin de voir tout ce que je n'ai pas vu.

Je n'ai aucune honte d'être dernière car pour moi la plus belle des victoires c'est d'avoir terminé et vaincu les démons de la montagne.

Et puis ce fut en même temps un avantage car les 2 fermeurs ont été extraordinaires, d'une part pour avoir su nous motiver et nous encourager, d'autre part pour nous avoir servi de guides à travers cette montagne magique. A conseiller à tous ceux qui hésiteraient encore.

Désolé Régine, je ne peux publier ta photo...elles est trop grande...

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


Publié dans Les Courses

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